Ensemble, nous avons revisité un territoire prémâché par nos idéaux d’avenir. Une banlieue qui nous questionne sans cesse sur nos ambitions personnelles, qui nous renvoie à ce qu’on espérait de nous, aux désirs que nous aurions éprouvés et aux codes auxquels nous aurions adhéré. Un espace physique, social et politique qui, d’une certaine manière, m’a façonné femme. Sophie proposait de renverser les rôles: «Et si les lieux que nous arpentons étaient des femmes? Qui seraient-elles? De quoi auraient-elles l’air? Serions-nous l’une d’entre elles?» C’est ainsi que nous avons entamé notre projet à savoir: «Comment un territoire peut-il être féminin? Quels éléments du paysage sont déterminants de son genre? Comment la présence de nos corps, les traces de nos actions et la représentation de notre passage peuvent révéler son identité?

GENEVIÈVE CADIEUX-LANGLOIS

L’ensemble de mon travail sculptural et performatif interroge ou exacerbe les rapports sociaux que j’entretiens avec mon entourage. Je disloque, reconstruis et incarne les comportements en société, les dynamiques de groupe et les relations de pouvoir qui s’y développent. L’enjeu est de rendre visibles mes affects et tensions ressenties entre les individus d’une communauté. Je construis des dispositifs participatifs ou collaboratifs en m’emparant de la réalité pour la décliner sur un mode alternatif (costumes, objets, art vivant). Par réalité, j’entends l’emploi d’objets tangibles et leur représentation physique ainsi que la restitution des actions et des comportements humains que j’observe. De cette manière, je me positionne tel un «manager relationnel, qui orchestre une prestation singulière» (Ardenne, 2002) me faisant revivre seule ou en groupe des expériences réelles pour tenter d’en développer la complexité émotionnelle.

SOPHIE PERRY

La démarche artistique de Sophie Perry s’articule autour de la création de systèmes questionnant l’identité, les relations interpersonnelles et les enjeux de pouvoir. Ces systèmes prennent différentes formes, allant de la fausse institution à l’organisation de souper gastronomique et sont activées ou documentées par une pratique installative, performative, web, vidéo et photographique. Elle exerce aussi la contorsion afin d’utiliser son langage corporel comme matière plastique. Sophie s’intéresse aux différentes façons dont son corps peut évoluer en entrant en contact avec les autres, l’environnement et les objets qui l’entourent. La narrativité; autant l’histoire racontée que l’acte de prendre parole, est récurrente dans son travail: ce récit ouvre un dialogue. Elle engage le public dans la réception et la construction de son œuvre. La création participative et communautaire est inhérente à son travail, elle considère sa formation en enseignement des arts comme partie intégrante à sa pratique.